Les adeptes de films policiers français de la vieille école ont été enchantés de retrouver Classe tous risques de Claude Sautet dans sa version restaurée ce 20 mai dans la salle Buñuel. Adapté du roman de José Giovanni, Classe tous risques retrace l’histoire d’Abel Davos, gangster en cavale en Italie qui se retrouve obligé de revenir clandestinement en France avec sa famille.
Les thèmes de la loyauté, la trahison, la famille et de l’amitié sont ainsi ceux qui ont tissé le film du début à la fin. Claude Sautet réalise ce film de gangster sans se soumettre aux clichés habituels qu’on retrouve dans ce genre. Ainsi on n’a pas d’idéalisation du crime organisé, ni de dialogues parsemés d'insultes. Sautet opte plutôt pour un personnage charismatique et sympathique, mais qui reste quand même un criminel de sang froid.
La singularité de ce film de gangster réside dans le fait que malgré le genre ou il s’inscrit, notre protagoniste est abordé avec une approche altruiste. On nous caricature le portrait d’un criminel qui a une vie aussi banale que tout le monde avec sa fiancée et ses deux enfants. D’ailleurs, on ne verra pas grand nombre de ses exploits de brigand. On verra à l’écran, a mesure qu’il se déleste de ses anciens attributs (amis, femme, enfant, associés, argent et pouvoir), ses états d’âme et sa déréliction psychologique.
Un autre détail assez remarquable dans cette œuvre de Sautet est la présence des enfants et les figures féminines du film. Si les films américains et français des années 1950 font en grande partie l'apanage des hommes solitaires, dans “Classe tous risques”, la femme et les enfants de Davos apportent une vision contrasté de la vie de crime. Davos est autant un père désespéré, un soutien de famille qu'un gangster en déclin.
Le film au niveau de la mise en scène intègre deux influences créant un mélange assez inédit et pourtant très intéressant. D’un côté on a la nouvelle vague française teintant les plans d’une certaine vitalité et de l’autre on a le film noir américain qu’on retrouve dans les plans du film mais aussi dans le destin tragique du personnage.
Lino Ventura est la cheville ouvrière de ce film. Jouant le rôle de malfrat mais aussi d’un père de famille aimant, Lino Ventura livre une performance très complexe et crédible en tant que gangster dos au mur. A ses côtés se trouve le jeune Belmondo, fraîchement sorti du premier film de Godard et dont la performance est à couper le souffle.
Malgré la fin qui arrive de manière assez brusque avec la voix du narrateur nous annonçant le destin du protagoniste, le visionnage de cette restauration a quand même été une agréable expérience.
Article rédigé par Hamy HANJOVAKO
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